Histoire de Notre Dame d'Ève

L'église est placée sous le vocable de l'Assomption de la Sainte-Vierge. Selon le chanoine Louis Pihan, elle serait incontestablement de fondation seigneuriale. La date de fondation de la paroisse est toutefois inconnue. Le collateur de la cure était le chapitre Notre-Dame de Senlis. Sous l'Ancien Régime, la paroisse relève du doyenné et du diocèse de Senlis. La construction de l'église actuelle débute à la fin de la période romane. Seuls les étages du clocher, dont le premier n'est que partiellement visible, subsistent de cette époque. Dominique Vermand réfute clairement les hypothèses émises par les auteurs du XIXe siècle, selon lesquels l'église d'Ève possédait initialement un clocher-porche : « à la base, quelques éléments d'arcades et des tailloirs montrent que ce clocher était à l'origine une tour de croisée ». La nef se situait donc sur l'actuel parvis. Elle a probablement été détruite ou fortement endommagée sous la Guerre de Cent Ans. Mais dans un premier temps, au second quart ou au milieu du XIIIe siècle, l'église est simplement agrandie. Le chœur roman est remplacé par un vaste complexe gothique, qui comporte un haut et large vaisseau central de deux travées, qui fait suite à la croisée du transept et au croisillon sud du transept. Ce vaisseau n'est accompagné d'un bas-côté qu'au nord. L'ancien croisillon nord est partiellement maintenu, mais en grande partie reconstruit dans le même style : « de là, la forme bancale et dupeuse de l’édifice actuel » (Eugène Müller).
Après la guerre de Cent Ans, soit au dernier quart du XVe siècle ou au début du XVIe siècle, la nef romane est démolie, comme déjà signalée, et une nouvelle façade vient fermer l'édifice à l'ouest. Elle est plus large que l'ancien transept, car un bas-côté est ajouté au sud. À la même occasion, le croisillon sud est remplacé par une petite travée servant de narthex, et les piliers du chœur du XIIIe siècle sont repris en sous-œuvre dans les angles sud-ouest, sud-est et nord-est. Ils sont remplacés par des piliers ondulés, mais la partie supérieure des faisceaux de colonnettes et leurs chapiteaux sont maintenus, ce qui est nuisible à la cohérence stylistique de l'édifice. Par ailleurs, le bas-côté sud est plus large que son homologue du nord. Le chanoine Louis Pihan estime donc que les agrandissements successifs du XVe siècle auraient été « exécutés sans beaucoup de souci de la régularité du monument ». Ces agrandissements se poursuivent par le prolongement du vaisseau central et de ses bas-côtés par une quatrième travée. Dominique Vermand situe cet agrandissement pendant les années 1530, mais la seule différence stylistique par rapport aux trois premières travées du bas-côté sud sont les liernes et tiercerons de la voûte et le remplage des fenêtres au chevet et au nord de la quatrième travée du nord. Sauf ce type de remplage, rien ne s'oppose au rattachement de cet agrandissement à la campagne de construction déjà citée. En revanche, l'abside date incontestablement de la fin des années 1530, puisqu'un vitrail de l'axe du chevet porte le millésime de 1540, et les dais des niches à statues que l'on voit à l'extérieur épousent le style de la Renaissance. De même, le réseau des fenêtres est placé sous l'influence de la Renaissance débutante. La flèche du clocher date de la même époque.
Sous la Révolution française, les paroisses sur le territoire du département de l'Oise sont rattachées au diocèse de Beauvais. Avec le Concordat de 1801, le siège épiscopal de Senlis est définitivement supprimé, et le diocèse de Beauvais est même annexé au diocèse d'Amiens, situation qui perdure jusqu'en 1822.
 Le clocher et les vitraux sont classés aux monuments historiques par la liste de 1862. Le chanoine Pihan écrit : « La principale curiosité de l'église d'Ève est dans ses vitraux. Jusqu'en 1871, malheureusement, on n'avait eu nulle conscience de leur valeur ; on laissait tomber toutes ces magnificences une à une et on les remplaçait, hélas ! par des vitres en verre blanc ou même par des clôtures en plâtre. À cette époque, trois des cinq fenêtres de l'abside étaient ainsi murées par moitié de leur hauteur. En 1873, la restauration commença ; on refit tous les meneaux, éclatés pour la plupart par la rouille des ferments trop forts et, par le plus grand tort, les traversant quelquefois entièrement. Puis on répara de son mieux et à très grands frais, ce qu'il fut possible de recueillir de ces précieuses reliques. On en reconstitua le sujet principal, c'est-à-dire  «le Trépassement de la sainte Vierge et son Assomption au ciel ». En 1881, le beffroi en charpente à l'intérieur du clocher est supprimé. Il était conçu pour recevoir quatre cloches sur deux étages, et du temps que le carillon était encore au complet, avant la Révolution, tout le beffroi se mit en branle, et heurtait les murs du clocher, qui se lézardaient. En plus, le clocher s'incline de plus d'un mètre vers le sud-ouest. La restauration et la consolidation est entreprise à partir de 1881 sous la direction de l'architecte Werlé. La flèche est alors exhaussée de plusieurs assises afin d'améliorer ses proportions.
Aujourd'hui la restauration de l'église d'Eve continue avec, ces dernières années, la réfection de la toiture. 

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