Léon Flameng et le Groupe des Divisions d'Entraînement (GDE) à Eve

Le groupe des divisions d’entraînement (GDE) et Léon Flameng
 
À partir de décembre 1915, les habitants d’Ève voient les champs situés aux lieux-dits l’Homme-Mort, le Longcamp, le fond du Suret occupés par une arme nouvelle qui n’est autre que l’aviation. En 1914, l’aviation n’en est encore qu’à ces débuts. Quinze ans plus tôt, elle n’existe pas et jusqu’à la déclaration de guerre, elle est considérée comme un sport réservé à quelques cascadeurs avides d’exploits. Rapidement, elle est reconnue comme utile pour l’observation puis pour la nécessaire maîtrise du ciel. Elle évolue et ses effectifs augmentent considérablement. Il faut créer ou agrandir les quelques structures existantes pour permettre de former correctement tous les militaires qui rejoignent l’aviation.
 
Pourquoi venir dans le Valois, pour deux raisons, la première est qu’il existe déjà une structure similaire au Bourget. Elle est devenue trop petite et il faut de la place pour s’agrandir. Les militaires décident donc de réquisitionner les terres agricoles qui se situent aux abords de la gare « Ermenonville – le Plessis-Belleville ». Cette structure ferroviaire est la seconde raison ayant poussé l’armée à venir s’installer dans le Valois. En effet le train est utilisé pour amener tous les matériaux nécessaires à l’aménagement de groupe des divisions d’entraînement du Plessis-Belleville et par la suite acheminer les stagiaires venant en formation.
 
Le groupe des divisions d’entraînement ne se situe par sur la commune du Plessis-Belleville, comme son nom l’indique, mais sur les communes d’Ermenonville, Lagny-le-Sec et en très grande partie d’Ève. Cette structure est nommée ainsi à cause de la gare.
 
Le GDE n’est pas une école d’aviation mais un centre de formation. Si un stagiaire arrive au GDE en provenance d’une école et que les instructeurs estiment que son niveau n’est pas suffisant il est renvoyé immédiatement en école. Le GDE accueille donc tous les personnels navigants, qu’il s’agisse des pilotes, observateurs, mitrailleurs, bombardiers ou des photographes.
Certains de ces militaires effectuent même plusieurs passages, pourquoi ? Parce que le GDE à plusieurs missions :
                -Tout d’abord, la finalisation de la formation initiale et permettre aux stagiaires de rejoindre le front pour immédiatement participer aux combats. Cette mission est la plus importante.
                -Ensuite, lorsqu’un militaire se retrouve en convalescence pour quelques motifs que soient (maladie, accident ou blessure), il doit automatiquement repasser par le GDE avant de rejoindre le front.
                - Enfin, tout au long de la guerre des nouveaux modèles d’avions apparaissent. Il arrive fréquemment que les escadrilles changent de modèle d’avions ce qui oblige son personnel à faire un stage au GDE.
Le GDE accueil aussi une école de la TSF (la télégraphie sans fil). On y étudie et on apprend à se servir du matériel de transmission militaire embarqué. C’est essentiellement les observateurs qui vont être formés à l’utilisation de ce nouveau matériel.
Le GDE est vraiment un centre unique en son genre car il n’existe plus jamais sur le territoire national une telle structure militaire qui voit en un même et unique lieu tous ce qui permet de faire fonctionner l’aviation. Et pour compléter ce centre de formation nous allons y trouver un service de santé qui permet de soigner les malades et surtout les blessés. Mais il a aussi, une autre utilité qui est d’une très grande importance pour la part du médical dans le recrutement et surtout le suivie des aviateurs. Le service de santé du GDE, participe à des expériences novatrices. Il est mis à contribution pour tester des nouveaux matériels émanant de la direction des inventions. Les docteur Pierre Maublanc et Victor Ratié vont faire tester à des milliers d’aviateurs un fauteuil à bascule et à axe oscillant vertical inventé par le docteur André Broca. Ces essais, rendent des services très appréciés car ils ont permis de préciser la rapidité avec laquelle un sujet perçoit les changements de position dans l’espace et aux accélérations pour essayer de trouver des solutions et éviter certains accidents.  Nous pouvons pensez que ce siège est l’ancêtre de la centrifugeuse qui est créé pour les astronautes bien plus tard.
En dépit des progrès fulgurants réalisés par l’aviation depuis ses débuts encore récents, la mortalité demeure élevée parmi les équipages. S’il n’y a pas au GDE de décès provoqués par les combats, les pertes humaines sont tout de même conséquentes et régulières lors des vols d’entraînement. Parmi les stagiaires formés sur le terrain durant ses quelques mois d'existence, soixante‐quinze sont décédés (au combat, accidentellement, de maladie...). Il est probable que certains n’aient pas encore été identifiés comme tels à ce jour. Quinze de ces décès sont survenus sur la commune d’Ève donc celui d’un sportif très célèbre à cette époque.
 
Léon Flameng et originaire de Paris où il est né en 1877.  Homme de lettres et coureur cycliste sur piste, il gagne trois médailles lors des premiers Jeux olympique modernes, à Athènes en 1896. La première est d’argent à l'épreuve des 10 km, sa seconde est de bronze au sprint et il remporte le titre olympique aux 100 km. Il surclasse son dauphin, un coureur grec, de quatorze tours. Devant cette victoire aussi tranchante, lors de la levée du drapeau français, les vingt mille spectateurs se lèvent et se découvrent, du jamais vu. Flameng devient écrivain, une fois sa vocation sportive assouvie. Cependant sa réputation ne dépasse guère les cercles parisiens, peut‐être parce qu'il s'essaie à tous les genres et disperse son talent. Seul succès de librairie, son Précis de botanique à l'usage des candidats aux écoles nationales d'agriculture. Il est appelé en novembre 1898 au 8e régiment d'artillerie. Il passe à l'aviation en décembre 1914 comme observateur. Il obtient son brevet de pilote militaire (n°2333) le 12 janvier 1916. Il arrive au GDE, depuis Chartres, le 19 janvier. A l’issue de son stage, il est affecté à la F 25 le 13 avril. Le 21 juin, en mission sur Verdun, son avion est touché ; son équipier est tué tandis que lui est atteint d'une balle en pleine tête. Il surmonte ses douleurs, et parvient à ramener son avion et son équipier. Il est évacué sur l'hôpital de Vadelaincourt (Meuse). A son retour de convalescence, le 23 décembre, il est dirigé vers la division Voisin du GDE. Le 2 janvier 1917, il fait un essai sur un nouveau biplan, un Sopwith 1A2, et suite à un incident technique, l'avion s'écrase au sol sur la commune d’Ève (60). Il est tué sur le coup.


Palmarès de Léon Flameng aux Jeux olympiques d'Athènes de 1896

  • Médaille d'or sur 100 km en 1896.
  • Médaille d'argent sur 10 km en 1896.
  •  Médaille de bronze du sprint (2 km) en 1896.
  • 5ème du tour de piste (333 m) en 1896.


 
Pour en savoir plus sur cet épisode important pour la commune d’Ève vous pouvez vous procurer la publication éditée par l’association histoire et archéologie « La pépinière des aviateurs de la Grande Guerre dans le Valois (1915-1919) ». N’hésitez pas à nous suivre sur notre page facebook ou à nous envoyer un mail  histea.nanteuil@gmail.com

Tous nos remerciements à M. Vincent Bartier pour l'ensemble de ces informations historiques


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